A l'Est, quoi de nouveau ?

Nouvelles d'Europe Centrale et Orientale.

Par Robin Durand

Ces dernières semaines, nous avons assisté à un bouleversement sans précédent de la situation politique en Russie. Pour la deuxième semaine consécutive, des manifestations rassemblent des dizaines de milliers de personnes à travers toute la Russie, de Kaliningrad à Vladivostok. Tous les observateurs indépendants s’accordent pour dire que c’est du jamais-vu dans un pays où toute manifestation contre le régime en place est durement réprimée.

Dimanche dernier, malgré l’interdiction officielle et la répression aveugle des autorités, le Russes ont été encore très nombreux à sortir dans la rue avec le même mot d’ordre : « nous n’avons pas peur ».

Cette situation inhabituelle mérite un petit rappel des faits.

D’abord, il est bon de rappeler que les manifestations, autorisées ou non, sont régulières en Russie depuis quelques années. Le mécontentement lié à la stagnation économique et à la corruption de plus en plus évidente des élites, l’absence de relais politique pour porter la parole des citoyens et l’isolement grandissant de la Russie vis-à-vis du reste du monde poussent une partie de la population à s’exprimer.

Il n'y a donc pas vraiment de nouveauté en ce début d’année 2021, mise à part peut-être l’ampleur du mouvement. Si jusqu’ici la contestation s’exprimait surtout en ligne et par les fameux « piquets solitaires »1, elle restait limitée à un cercle d’intellectuels, instruits, bien informés et résidants Moscou ou Saint-Pétersbourg. Il faut dire que la répression très dure instaurée après les manifestations de 2011-2013 avait tué dans l’œuf tout embryon de contestation. Aujourd'hui, elle s'étend à l'ensemble du pays et prend une dimension plus profonde ce qui représente un véritable changement. Pour mieux comprendre d'où vient ce mouvement, revenons sur les événements politiques marquants de l'année 2020.

Qu’est-ce qui cloche avec la Constitution ?

Début 2020, le président Vladimir Poutine lance un grand chantier de réforme de la Constitution. Cette dernière, qui jusqu’ici avait relativement peu fait parlé d’elle, s’avère tout d’un coup obsolète, vieillotte. Dans un parfait exercice de réforme par le haut, On propose qu’elle soit amendée de nouveaux articles pour la rendre plus moderne, plus en phase avec les défis actuels de la Russie.

Les amendements proposés sont très variés : le droit des animaux, le respect de la mémoire des anciens, le mariage hétérosexuel. En tout, ce sont 206 amendements qui sont ajoutés. La plupart concerne des sujets de société très consensuels en Russie et sans aucune application juridique concrète. On ne voyait donc pas bien l’intérêt d’une telle réforme jusqu’à ce que la députée et ancienne cosmonaute Valentina Terechkova propose d’ajouter in extremis un amendement qui « remet à zéro »2 les mandats des anciens présidents. Techniquement, cet amendement donne la possibilité à Vladimir Poutine de se représenter en 2024 malgré les restrictions constitutionnelles.

On le sait, la Constitution russe de 1993 prévoit qu’on ne peut effectuer plus de deux mandats présidentiels consécutifs3. Le Président actuel, qui avait jusqu’ici toujours mis un point d’honneur à respecter la Constitution4, s’était ainsi respectueusement retiré en 2008, après deux mandats, pour échanger sa place avec son Premier ministre Dmitri Medvedev. Son retour en 2012 avait provoqué les plus importantes manifestations qu’avait connues le pays depuis 1991. On comprend mieux pourquoi la durée du mandat présidentiel était passée entre temps de 4 à 6 ans5 et que l’échéance de 20246 était aussi anxiogène pour le Kremlin.

Le précédent biélorusse

Aussi surprenant que cela puisse paraître, le recours à cette astuce grossière pour allonger la longévité politique de Vladimir Poutine est lié au voisin biélorusse. Le président Poutine souhaite en effet depuis quelques années réactiver le projet d’unifier la Russie et la Biélorussie en un nouvel Etat7. Cela lui permettrait de proclamer une nouvelle constitution et de se débarrasser de l’encombrant article 81.3. De plus, dans le sillage de l’annexion de la Crimée, ce serait une formidable occasion de rehausser sa cote de popularité, en baisse depuis plusieurs mois.

Mais cela est sans compter sur Alexandre Loukachenko, l’indétrônable président biélorusse qui refuse de se voir en numéro 2 et bloque les négociations. On le comprend. Le régime dictatorial du président Loukachenko est déjà très dépendant du voisin russe pour sa survie. Il ne fait pas de doute qu’une union avec la Russie le reléguerait au rang de subalterne et verrait la Biélorussie engloutie par son voisin. De plus, M. Loukachenko est convaincu de sa capacité à remporter haut la main le scrutin présidentiel d’août 2020.

D’où tient-il cette confiance ? Très simple. Les trois candidats qui se présentent contre lui sont incarcérés sans aucun contact avec l’extérieur. Leurs épouses prennent le relais choisissent Svetlana Tikhanovskaïa8 pour les représenter. Professeure d’anglais sans expérience politique, son seul programme, si elle est élue, est d’organiser des élections libres.

Manifestation à Minsk, août 2020

Wikimedia commons, [CC BY-SA 4.0 (https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0)]

La popularité de Mme Tikhanovskaïa, jusque-là inconnue du public, est impressionnante. Elle rassemble des foules de dizaines de milliers de personnes et semble en bonne place pour l’emporter. Afin d’assurer la victoire du Président, le scrutin est massivement falsifié et M. Loukachenko revendique la victoire avec un score absurde de 80 % des voix. L’émotion est d’autant plus grande que la fraude est évidente et les Biélorusses descendent massivement dans la rue. Les affrontements avec la police sont d’une violence extrême. S’en suivent des arrestations massives, des emprisonnements arbitraires et des faits de torture. La police tire à balle réelle sur les manifestants et ces morts viennent s’ajouter à de nombreuses disparitions inexpliquées. Loukachenko conforte ainsi son image de dictateur sanguinaire et impopulaire. Mais cette victoire apparente tient au soutien massif de la Russie. Le divorce avec la population est évident et M. Loukachenko s’enfonce un peu plus dans une relation de dépendance vis-à-vis du voisin russe. Le régime est maintenu grâce au soutien massif de Moscou, qui craint un scénario ukrainien en Biélorussie.

L’épisode Fourgal

Au même moment, la région de Khabarovsk, en Russie, est également le siège de manifestations sans précédent. D’une ampleur plus modeste qu’en Biélorussie, le mouvement est pacifique mais déterminé. Pendant plusieurs mois, les habitants de cette région de l’Extrême Orient russe sortent dans la rue et demandent la libération du gouverneur de la région, incarcéré au début de l’été, Sergueï Fourgal.

La région de Khabarovsk, en orange, est une des plus éloignée de Moscou

Carte réalisée par l'auteur

Ce dernier est une figure locale. Ancien homme d’affaires douteux, passé un temps par la Douma, il s’est surtout fait connaître pour son engagement en tant que gouverneur de la région de Khabarovsk. Ses prises de parole franches et son style direct, mais surtout ses actions anti-corruption et en faveur des habitants de la région lui ont valu une popularité à l’échelle locale unique en Russie9. Popularité d’autant plus forte que M. Fourgal est élu au cours d’une élection véritablement concurrentielle. Après avoir perdu une première fois face à Viatcheslav Shport, le candidat du pouvoir, en 2013, il finit par l’emporter au second tour en 2018 et devient ainsi un des très rares hommes politiques russes à détrôner un apparatchik au cours d’une élection démocratique locale.

Son arrestation suscite une grande émotion dans la région. La justice russe reproche à M. Fourgal l’organisation de meurtres dans la région de Khabarovsk au début des années 2000 alors que ce dernier était dans les affaires. Il aurait commandité l’assassinat de concurrents gênants et se serait ainsi assuré une place dominante sur plusieurs marchés, notamment le très rentable marché des bois de Sibérie. Pendant le temps de l’enquête, l’accusé est envoyé à Moscou en vue d’un procès « fermé »10 et placé en détention provisoire. Le mouvement demande l’organisation d’un procès ouvert à Khabarovsk.

L’ancienneté des faits et la faiblesse du dossier d’accusation font penser à un règlement de compte politique. Ses défenseurs y voient une sanction pour le faible score du oui au référendum sur les amendements constitutionnels et une manœuvre pour se débarrasser d’un gouverneur jugé trop populaire.

Cela dit, la personnalité de Fourgal n’est pas non plus celle d’un tribun, ni celle d’un combattant de la liberté. Ses 11 ans passés à la Douma n’ont été marquées par aucune prise de position forte, aucune proposition politique, aucun événement marquant si ce n’est une photo consternante de lui jouant avec un gobelet en plastique pendant une session de travail qui a fait le tour des réseaux sociaux. Son passé de businessman n’est pas plus reluisant et les soupçons qui pèsent contre lui paraissent tout à fait fondés étant donné la nature de ses activités à un moment où la région est en proie à des violences mafieuses.

Ce qui explique sa grande popularité, c’est donc plutôt sa vision du rôle du gouverneur de région. Les manifestants ne soutiennent finalement pas tant Fourgal lui-même que le principe d’un gouverneur impliqué dans les affaires locales, proche des habitants et qui rend des comptes à ses électeurs.

Jamais un mouvement de contestation n’aura été aussi suivi et duré aussi longtemps.

Manifestation à Khabarovsk, août 2020

Wikimedia commons, [CC BY-SA 4.0 (https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0)]

L’arrivée d’un « petit nouveau »

Enfin, c’est dans ce contexte politique chargé qu’intervient l’empoisonnement d'Alexeï Navalny (voir encadré). Au mois d’août, ce dernier est en campagne pour les élections locales. Il organise une tournée en Sibérie et commence par une visite de son soutien Sergueï Boïko à Novossibirsk où il en profite pour enregistrer plusieurs vidéos sur la corruption dans le secteur du bâtiment. Puis il se rend à Tomsk où il rencontre les représentants de son parti et apporte son soutien aux candidats de l’opposition pour la campagne régionale.

Jusqu’ici rien de particulier mais dans l’avion qui devait le ramener de Tomsk à Moscou, Alexeï Navalny tombe brusquement malade. Les symptômes font penser à une intoxication et le pilote prend la décision d’atterrir d’urgence à Omsk où M. Navalny est pris en charge par une ambulance.

Une fois arrivé au service des urgences de l’Hôpital d’Omsk, les choses prennent une tournure très différente. On ne parle plus d’intoxication. D’après les médecins, aucune trace de poison n’est trouvée dans son organisme et le médecin en chef parle d’un simple « désordre métabolique » alors que son patient est dans le coma, placé sous respirateur artificiel et manifestement dans un état grave. De plus, M. Navalny, 44 ans, aucun antécédent médical, sportif et suivi régulièrement ne présente aucun facteur de risque qui pourrait expliquer une dégradation aussi brusque de son état de santé.

La famille obtient finalement son transfert sanitaire vers l’Allemagne. Peu de temps après son arrivée à Berlin, un laboratoire de la Bundeswehr atteste l’empoisonnement à une substance du groupe Novitchok11. Le diagnostic est par la suite confirmé par plusieurs laboratoires indépendants. Enfin, grâce au professionnalisme du pilote, aux premiers soins prodigués dans l’ambulance et au travail des médecins berlinois, M. Navalny est mis hors de danger et sort de coma au mois de septembre.

La suite est digne d’un thriller. A peine remis, Navalny enchaîne les coups de théâtre et organise son retour sur la scène politique russe dans un scénario en trois actes parfaitement orchestré :

Acte premier. Avec l’aide des éditions en ligne Bellingcat et The Insider, Navalny publie une vidéo dans laquelle il met en évidence l’existence d’un groupe d’agents du FSB spécialisés dans l’empoisonnement de personnes indésirables. Il donne les noms, les fonctions et parfois même les adresses et numéros de téléphone des agents. C’est un véritable « Tchernobyl politique »12.

Acte deux. Navalny appelle lui-même un de ses assassins par téléphone en se faisant passer pour un haut fonctionnaire des services de sécurité. Il obtient les aveux complets de celui-ci et la confirmation de ses hypothèses, dans un timing parfait quelques jours seulement après la conférence de presse annuelle de Vladimir Poutine au cours de laquelle il nie toute implication du FSB.

Acte trois. L’opposant annonce finalement son intention de rentrer en Russie malgré les menaces claires des autorités russes à son égard. Il est arrêté dès son arrivée à l’aéroport. Alors qu’il est placé en détention provisoire13, ses partisans publient une nouvelle vidéo dans laquelle il attribue à Vladimir Poutine la construction d’un palais somptueux au bord de la mer Noire.

Qui est Alexeï Navalny ?

Politicien ambitieux, agent de l'étranger, combattant de la liberté, nationaliste en embusquade, les opinions sur Alexeï Navalny sont très diverses. Une chose est sûre : Alexeï Navalny est devenu ces dernières années le principal critique de la politique du Kremlin.

Passé un temps par le parti Yabloko, de tendance réformiste et écologique, il est exclu de ce dernier en 2007 pour ses positions nationalistes14. Déçu par les partis politiques, le jeune politicien fonde plusieurs mouvements politiques d'obédience nationaliste qui ont peu de succès. Plus il peine à se faire connaître et plus ses prises de positions vis-à-vis de « Russie unie », le parti du pouvoir, sont violentes. Navalny préconise pour la première fois en 2011 une stratégie radicale que lui reproche l'opposition russe mais qu'il défend toujours aujourd'hui : voter pour n'importe qui, tant que ce n'est pas « Russie unie »15.

Ce qui permet vraiment à Navalny de se démarquer politiquement ce sont ses enquêtes anti-corruption. Sujet consensuel s'il en est un, il permet à l'ambitieux politicien de se constituer un discours politique populiste et dégagiste particulièrement apprécié. Ne pouvant pas prouver la réception de sommes indues, Navalny et son équipe se concentrent sur les dépenses des fonctionnaires soupçonnés de corruption. Il met en regard leur salaire officiel, souvent modeste, avec leurs dépenses : villas, voitures, yachts, datchas, le tout dans un défilé de luxe qui jure avec le quotidien de la plupart des Russes. Les vidéos, parfaitement mises en scène, sont claires et éloquentes. L'effet visuel prime sur la rigueur de la démonstration. Au fur et à mesure que leur auteur gagne en popularité, les enquêtes visent des personnages de plus en plus importants : Vladimir Yakounine16, le procureur Tchaïka, le milliardaire Ousmanov17, Segueï Sobianine18 et bien-sûr Dmitri Medvedev lui-même.

L'essentiel du travail de Navalny est financé par le fond de la famille Zimine, du nom d'un milliardaire russe exilé. Cette source de financement de l'étranger est une vraie faiblesse, surtout pour celui qui ne cesse de dénoncer les liens entre politiques et oligarques. L'opposant récolte également des dons de donateurs privés en Russie.

Sa figure de tribun, ses prises de positions radicales et son indéniable talent oratoire en font un opposant redoutable. Sa popularité est en hausse mais il peine à gagner la confiance de l'écrasante majorité de la population russe, essentiellement en dehors des grandes métropoles. Si l'opposition le soutient unanimement dans son épopée judiciaire et suite à son empoisonnement, certains se méfient de cette forte personnalité qui refuse de s’engager sur les sujets sensibles : la politique extérieure, le statut de la Crimée et du Donbass, le fédéralisme, la lutte contre la corruption une fois au pouvoir.

En réaction à ces événements, la Russie connaît un important mouvements de contestation. Pour la première fois, le 23 janvier, des manifestations sont organisées dans tout le pays. On compte des dizaines de milliers de manifestants malgré l’interdiction officielle, le risque d’être arrêté et le froid légendaire de l’hiver russe. Encore une fois, ce n’est pas tant Navalny lui-même que les manifestants soutiennent, même si les slogans reprennent les revendications de l’opposant. Les Russes manifestent avant tout pour leur avenir, dans un pays où chaque année qui passe voit l’horizon des opportunités se réduire un peu plus. La violente répression des manifestations, avec arrestations arbitraires, gardes-à-vue de plusieurs jours et détentions provisoires, mettronnt certainement un coup d'arrêt à ce mouvement. Cela dit, les causes du mécontentement d'une partie importante de la population sont toujours là et en l'absence de réformes le mouvement ne manquera pas de reprendre plus tard dans l'année. Son succès dépendra de sa capacité à s'organiser, à formuler des revendications claires et réalistes et à élargir son socle de soutiens.

Janvier 2021

1.En russe одиночный пикет.

2.En russe обнуление.

3.Article 81.3 de la Constitution de la Fédération de Russie du 25 décembre 1993 : « une seule et même personne ne peut occuper la fonction de Président de la Fédération de Russie plus de deux mandats d’affilé. »

4.On se souvient de sa citation : « il faut changer les cerveaux, pas la Constitution »

5.La décision est prise en 2008 pour une entrée en vigueur en 2012.

6.Soit deux mandats de 6 ans après sa réélection en 2012.

7.cf. Союзное государство

8.L’épouse de Sergueï Tikhanovski, un bloggeur dont la chaîne Youtube Страна для жизни (« un pays pour y vivre ») est très suivie.

9.A comparer avec la popularité de l’ancienne maire d’Iakoutsk Sardana Avksentyeva.

10.Le statut de procès « fermé » permet en Russie de maintenir les éléments clés du dossier sous le sceau du secret et d’organiser un jugement à huis-clos. Ce régime, censé protéger les témoins et limiter l’instrumentalisation de la justice dans les affaires sensibles, est régulièrement utilisé dans les affaires politiques.

11.Novitchok, « petit nouveau » en russe, est un groupe de poisons neuroparalytiques développés en Union Soviétique dans les années 1980. La Russie, en tant que membre de l’Organisation pour l’Interdiction des Armes Chimiques, a officiellement cessé toute activité de recherche dans ce domaine et détruit tous ses stocks d’armes chimiques.

12.Ioulia Latynina, Novaya Gazeta N° 142 du 23 décembre 2020.

13.Formellement, la justice russe reproche à M. Navalny de ne pas s’être présenté à son contrôle judiciaire alors qu’il était en convalescence en Allemagne. Ce contrôle judiciaire avait été décidé dans le cadre de sa condamnation avec sursis dans l’affaire Yves Rocher, que la Cour Européenne des Droits de l’Homme a reconnue comme étant infondée.

14.Son opposition à Grigori Yavlinski, le fondateur du parti, n’est certainement pas étrangère à son exclusion.

15.Stratégie dite du « vote malin ».

16.Ancien directeur de l’entreprise d’Etat des chemins de fers RZHD.

17.Première fortune de Russie.

18.L’actuel maire de Moscou contre qui Alexeï Navalny s’est présenté en 2013.